Qui sont ceux qui dictent la loi de l’actualité sur le net ?
Depuis maintenant plusieurs mois, le « journalisme » aux côtés de certains ténors du net s’engouffrent dans le triste sillon du pseudo sensationnel et du buzz fun. Là où des Topito, Minute Buzz ou Demotivateur excellent déjà, il faut que le lectorat quel-qu’il soit se développe pour assurer la pérennité des journaux online même si ils sont gratuits. J’ai été ainsi surpris de voir Métro prendre cette voie entre autre… le Huffington Post y étant lui déjà bien ancré. Pourquoi ?
Business is business encore une fois, et ce au dépend de l’information diffusée. Demain il ne sera donc question que d’une majorité de lecteurs sur une tranche 18/25 voir 18/35 ans ? Forcer le voyeurisme, la violence, le sexe, l’irréel… et tout ce qui peut gonfler le lectorat est devenu le seul leitmotiv de tout ces sites qui initialement fournissaient l’information et l’actualité telles qu’ont les a connu depuis des années.
Le journaliste est-il devenu un rédacteur web à part entière ?
Un fureteur du net à la recherche de la vidéo qui fera le Buzz ? J’en ai bien peur au regard de ce qui surgit dans cette sphère. Même un blog de renom comme Gizmodo et c’est loin d’être le seul s’est laissé prendre dans les filets du pseudo Buzz. Je peux dire qu’il a à coup sur perdu des lecteurs de la première heure car j’en eu l’occasion d’échanger sur le sujet avec des avisés. Mais dans la balance ils gagnent de nouveaux lecteurs me direz-vous, tout en les renouvelant. Certains crieront au scandale, d’autres adhèreront sans trop réfléchir. Mais tout ça se paiera t’il un jour ?
Peut-on dévier sa ligne à mesure que les modes changent ? Ce n’était pas le cas il y a quelques années où il existait une ligne, une certaine fidélité et un engagement de la part des lecteurs. Est-ce là le problème ?… la fidélité ! Aujourd’hui on se dirige là où le vent tourne, qu’on le veuille ou non il est dur de camper sur son modèle initial.
Peut-on en vouloir à ceux qui pour beaucoup, sont tombés dans les filets de groupes qui ne recherchent que le profit ? Forcément que oui, car le jour ou le buzz à 2 francs 6 sous tombera aux oubliettes, il sera bien plus pertinent d’appeler certains blogs, les caméléons du net… car ils devront à nouveau rebondir !
Gageons que l’information attendue reste bonne pour le lectorat, et qu’il demeurera un noyau fidèle malgré tout, quoique cette fidélité s’effrite déjà énormément sur le net vis à vis de certaines marques, ou envers les blogs d’actualités.
Alors ? Fini le journalisme et place au rédacteur web ! C’est un débat qui s’est posé à plusieurs reprises sur la toile.
Que pensez-vous de cette situation ou de l’opportunité qu’ont saisi certains à surfer sur le « buzz » ?
Il y a deux problèmes distincts dans ce que vous soulevez. D’abord, l’utilité du journaliste et sa réelle fonction sociale. On peut se dire que c’est avant tout de découvrir des infos, de les trier et de les mettre en forme, et de les faire partager au reste de la société. Ce travail d’enquête et d’écriture est un travail obscur ingrat, et en vivre signifie que l’on doit trouver une source de financement.
Et c’est ici que surgit le deuxième problème : comment financer cette activité. C’est simple, de deux choses l’une : ou les lecteurs potentiels sont intéressés à connaître ces infos, et sont prêts à payer pour ça, ou ils veulent bien les consommer, sans pour autant payer. Pire, ils peuvent ne pas être intéressés du tout à ces infos (comme je le suis avec les déboires de la famille Grimaldi, ou les règlements de compte à l’UMP).
Pour un investisseur, la solution est simple : on va attirer les gens vers l’info qui coûte le moins cher, et on les installe devant des publicités, entrelardées de ces fameuses infos peu coûteuses. Si on peut faire payer le lecteur gogo, c’est encore mieux, on est rétribué des deux côtés. C’est le monde du buzz et du faux scandale, de la « polémique » bidon, des pipeuleries et autres pitreries. Dire que c’est du journalisme, c’est très exagéré.
Une solution plus soft consiste à faire payer partiellement par des abonnements, et partiellement avec de la pub. Ça conduit à des journaux ou sites mi-tape-à-l’oeil, mi-infos « sérieuses ».
Reste la solution « collectiviste » : les demandeurs d’info se cotisent pour financer la collecte et la mise en forme, sous forme d’abonnements en général (exemple : Mediapart).
Personne n’a encore trouvé d’autre modèle économique. Nous sommes donc condamnés à vivre dans un bruit médiatique constant destiné à nous mettre devant des pubs avec des infos bien trash (c’est-à-dire attirantes).
Le buzz, c’est le prix de la pub qui l’encadre.